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Nutrition intégrative holistique: arnaque ou miracle ?

En vogue sur les réseaux sociaux, la nutrition intégrative holistique promet de faire des miracles. Mais entre charlatanisme et praticiens sérieux, comment s’y retrouver ? Journal ADN, Tendances et Mutations.


Et si, pour régler vos problèmes alimentaires, le médecin vous questionnait sur vos émotions, votre sommeil, vos aïeux ou encore votre niveau de stress ? Cette approche globale, considérant que la nutrition ne dépend pas seulement des nutriments ingérés mais aussi de nombreux facteurs interconnectés, s’appelle la nutrition intégrative holistique. Cette pratique intègre donc les dimensions physiologiques, psychologiques, émotionnelles et environnementales de l’alimentation.


« Holistique », ce mot employé à tort et à travers

Mais attention, si la santé intégrative est reconnue par de nombreux professionnels de santé, le terme « holistique » fait quant à lui davantage grincer des dents. « C’est un mot qui est employé à tort et à travers et qui ne veut pas dire grand-chose », affirme le professeur Julien Nizard, chef du service douleur, soins palliatifs et de support du CHU de Nantes et président du Collège universitaire de médecines intégratives complémentaires (Cumic). Il poursuit : « Si vous regardez sur Internet, vous trouverez des quantités de “praticiens” qui vont vous vendre de la médecine intégrative holistique, alors qu’ils font tout sauf ça. »
Et au professeur de reprendre la définition stricte de la médecine intégrative – incluant donc la nutrition : « C’est l’association de thérapies complémentaires aux traitements conventionnels, dans une indication précise, et par un professionnel qualifié. »

« Nous ne sommes pas là pour remplacer les médecins »

Une définition avec laquelle Anaïs Da Silva, une influenceuse et coach certifiée en nutrition intégrative holistique est plutôt en phase : « Nous ne sommes pas là pour remplacer les médecins, nous venons en complémentarité. »
Anaïs Da Silva a découvert la nutrition intégrative holistique après avoir été diagnostiquée, à 23 ans, ménopausée précoce. À l’époque, elle commence un parcours de PMA pour avoir un enfant. Lors d’une pause dans le processus, elle commence à s’intéresser à l’alimentation hormonale : « J’ai toujours eu beaucoup d’influences américaines, et ça se pratique là-bas. Je me suis donc dit que j’allais essayer. » Pour elle, les effets ont été rapides, puisqu’elle tombe très vite enceinte d’un premier enfant, puis d’un second, quelques mois après son accouchement.
Après cette expérience, l’influenceuse décide de se former à l’Institute for Integrative Nutritive de New York pour « aider d’autres femmes ». Les hormones sont sa spécialité et la santé mentale ; elle écrit d’ailleurs l’ouvrage Bien manger au fil de mon cycle : 40 recettes pour bien vivre avec mes hormones.


Comment distinguer le remède de l’arnaque ?

La popularisation de la nutrition intégrative holistique passe beaucoup par les réseaux sociaux, avec notamment quelques comptes phares, comme celui de Megan Rossi, de Jessie Inchauspé ou encore de Sarah Britton. Le problème étant que les réseaux sociaux charrient aussi leur lot de charlatans, ce que reconnaît volontiers Anaïs Da Silva : « Quand je vois ce que certaines personnes se revendiquant comme faisant de la nutrition intégrative holistique publient, je suis effarée. » Je pense qu’il y a des gens qui voient ça comme une opportunité marketing et qui se “forment” avec ChatGPT en se disant que c’est ok…, mais non ! »
L’une des dérives les plus fameuses a fait l’objet d’une série récente intitulée Apple Cider Vinegar. Elle est inspirée de l’histoire vraie d’une blogueuse australienne, Belle Gibson, qui a prétendu avoir guéri du cancer grâce à des recettes saines. À l’époque, elle popularise son histoire et ses recettes via les réseaux sociaux, puis une application payante et un livre. Mais, comme le révéleront plus tard les médias, Belle Gibson n’a jamais eu de cancer. Alors, toute la question semble de savoir comment, parmi les influenceuses, reconnaître le bon grain de l’ivraie ?

Des drapeaux rouges à avoir en tête

Pour s’y retrouver, le Cumic a dressé une liste de drapeaux rouges à prendre en compte lorsque l’on souhaite entreprendre une démarche relevant de la médecine intégrative : « La première chose à observer, c’est : quelle est la personne qui propose telle ou telle thérapie ? A-t-elle a un diplôme ? Quelle est l’indication ? Ensuite, il faut se demander quel est le protocole utilisé », indique le professeur Nizard. Il recommande également de prêter attention au cadre, c’est-à-dire : comment et où sont faits les soins. Mais aussi, d’être attentif à la question du coût : « Il n’y a pas de raison qu'une personne faisant de la médecine non conventionnelle demande plus que quelqu’un qui fait de la médecine conventionnelle. »
Car, finalement, le problème découle souvent du manque de cadre : en France, les termes ne sont pas protégés. Ainsi, n’importe qui peut ouvrir son cabinet de nutrition intégrative holistique sans rien y connaître. « Cela fait des années qu’on demande un cadre et une régulation de ces pratiques », déplore le professeur Nizard. Il conclut : « Nous sommes convaincus de l'utilité de la médecine intégrative, mais seulement si elle est bien faite et qu’elle vient en complément de la médecine conventionnelle. Sinon, le risque est de mettre les gens en danger. »




              
11 Avril 2025 - écrit par - Lu 54 fois

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